Nos Prêtres à l'honneur


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6 OCTOBRE 1917

M. Jérôme Falconnet, chevalier de la Légion d'honneur.

M. l'abbé Jérôme Falconnet, vicaire de Louhans et brancardier-aumônier du 1er bataillon du 42° régiment d'Infanterie, a été décoré chevalier de la Légion d'honneur, le dimanche 23 septembre, par le généralissime lui-même. On nous saura gré de décrire cette cérémonie d'après la lettre d'un témoin oculaire :

Le 23 septembre, tous les officiers de la ... division attendaient à X... la visite du général Pétain, Celui-ci avait demandé qu'avec les ofIiciers, dix hommes de chaque régiment lui fussent présentés, ceux qui avaient obtenu les plus belles citations. A 10 h. 45, le généralissime arrive, Il passe devant ces deux cents officiers, et serre la main des officiers généraux et supérieurs. Puis il regarde les soixante hommes de troupe dont les rubans sont constellés d'étoiles et de palmes, et parmi eux il remarque un brancardier orné de la fourragère et décoré de deux palmes et de deux étoiles, sans parler de la Croix de Saint-Georges. Ce brancardier est l'abbé Jérôme Falconnet.

A ce moment et au milieu du plus profond silence, Pétain annonce au colonel du 42e, qu'il a une Croix de la Légion d'honneur et une Médaille militaire, " pour deux hommes de troupe de son régiment. Lesquels avez-vous à me présenter ?

" Le brancardier Falconnet, déjà proposé deux fois pour la légion d'honneur et l'adjudant X.. ", répond le colonel. -" Ouvrez le ban ", s'écrie 1e général et la musique se fait entendre,

Puis -instant d'émotion générale, - le colonel lit à haute voix la quatrième citation de M, Falconnet à l'ordre de l'armée, citation qui n'a pas encore été publiée :

" Falconnet Jérôme-Pierre, aumônier-brancardier au 42e d'Infanterie, 1er bataillon : Type de l'apôtre et du héros simple et modeste. Pendant les combats du 16 au 19 avril, où eurent lieu des avances et des reculs successifs de son bataillon, a passé ses nuits à aller chercher des blessés entre les lignes. Bien qu'ayant essuyé à quelques mètres le feu d'une patrouille allemande, a réussi à en ramener un grand nombre et à identifier plusieurs tués. Déjà trois fois cité à l'ordre. "

Cette lecture achevée, et tout en prononçant la formule consacrée : " Au nom des pouvoirs... brancardier Falconnet, je vous fais chevalier de la Légion d'honneur ", le généralissime épingle la croix d'honneur snr la poitrine du décoré, lui serre chaleureusement la main, puis, familièrement, lui met la main sur l'épaule, le regarde encore une fois de très près et lui demande : Que faites-vous dans le civil ? - Prêtre ! " - Alors le général Pétain embrasse l'abbé avec effusion et lui dit : " Je vous félicite de tout coeur : c'est très bien ; vous faites honneur à votre robe. "

Aussitôt dans tout le 42°, c'est la joie complète : " Nous sommes aussi heureux que si c'était nous ", disent les officiers à l'aumônier simple soldat.

A l'arrière, dans tout le diocèse, la joie ne sera pas moindre.

Aussi, se faisant l'interprète de tous, la Semaine religieuse adresse ses meilleures félicitations au prêtre-chevalier,- à ses parents,- à son frère, le Supérieur du petit Séminaire d'Autun, caporal-infirmier, -à son autre frère, revenu blessé de Salonique, -à son vénéré curé, M. le Provicaire de Louhans, et aussi à ses chers jeunes gens et à ses " petits gars " de la fameuse " Etoile louhannaise ", dont, même au milieu des heures les plus tragiques, M. Falconnet garde le souvenir et reste le directeur très attentif. Dieu le garde !


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